SATURNE
Saturne est aux confins de notre univers visible, au seuil d’un univers qui échappe à notre vision d’homme. Cette planète nous donne une des premières clés pour nous faire découvrir les prémisses de cet environnement céleste qui nous apparaît si mystérieux.
Ainsi, Saturne se situe à la séparation des deux mondes, celui du matériel que notre incarnation illustre partiellement et celui de l’invisible perceptible, entre autre, par le biais des conséquences de son action au travers des planètes visibles mais dont il est toujours difficile de saisir la portée. L’action intangible et imperceptible de cet astre jusqu’à ce que ses effets soient ressentis ne renforce-t-elle pas la notion de fatalité subjective apparentée au fatalisme ? De mon point de vue, sans doute.
Le passage d’un monde à l’autre se fait par l’entremise de Saturne, gardien de la frontière entre ces deux mondes et témoin de leur coexistence. Pour cela, la désincarnation opère, l’être dans sa chair incarnée se désintègre au fur et à mesure qu’il s’éloigne du point crucial qui lui a donné la vie, c’est-à-dire notre Soleil. Cette étape douloureuse n’évoque pas forcément une tragédie ou la fin des fins mais le moment où face à l’exigence d’un tel passage, il est proposé à l’être incarné de s’élever en se dématérialisant d’une certaine manière par l’intérêt décroissant de la possession matérielle au bénéfice d’un lien désintéressé sans pour autant être indifférent.
Saturne est par conséquent une planète d’élévation, d’enseignement mais de restriction pour le commun des mortels et ceci, d’autant plus que l’on est éloigné des exigences de cette planète qui invite au désintéressement, au retrait, à la solitude, au dépouillement, au pragmatisme, à la patience, à bâtir….. Ainsi, l’individu peut se retrouver dépossédé de ses biens ou de tout ce qui témoigne d’un quelconque attachement pour l’inciter à saisir la portée de cette étape nécessaire à un accomplissement qui dépasse l’évidence et l’entendement.
Saturne enlève toujours quelque chose tout en participant à la construction de nous-mêmes dès lors que son enseignement est respecté. Cette planète porte en elle la possibilité de bâtir si on accorde du temps au temps comme pour toute construction qui nécessite qu’elle se fasse étape par étape dans le respect des phases de construction. Elle ne déconstruit que si on brûle les étapes.
Saturne est un architecte, il gouverne le temps, la quatrième dimension et gère la temporalité d’un monde fini. Ainsi, il règne sur la fatalité dans le sens du caractère inévitable des évènements.
Difficile après un tel exposé de percevoir la bienveillance d’un tel astre qu’on assimilerait facilement à une faulx car, Saturne prive davantage qu’il ne dispense de bienfaits. D’ailleurs, par nature, il ne saurait en dispenser. Ses faveurs ne seront perceptibles qu’au travers de l’expérience que nous feront de son action. Finalement, elles dépendraient de nous et c’est là qu’interviendrait la notion de libre arbitre. Joli paradoxe, me semble-t-il que de pouvoir faire intervenir la notion de libre arbitre avec la planète qui renvoie à une certaine fatalité.
Elle est la planète de la privation. Et pourtant, celle qui peut enlever jusqu’à la vie n’est-elle pas la même qui coupe le blé pour satisfaire à notre appétit et à notre survivance ? Qu’est ce qui fait que nous avons généralement une mauvaise perception de Saturne ? Peut-être parce que nous sommes davantage sensibles aux maux qu’il procure qu’aux bienfaits de son action destinée à satisfaire les nécessités de la vie. L’évidence échappe souvent à nos sens et à nos a priori.
En aspectant les autres planètes du système solaire, Saturne leur lance un défi. Il en appelle à une
prise de conscience comme si le fait de s’en éloigner, par le fait même d’une existence qui nous en distrait, nous redirigeait à certains moments de notre vie fatalement vers elle, engendrant une possible culpabilité naissante. Ainsi, la notion de culpabilité pourrait être introduite par cet astre. En tout cas, ses passages sur les points clés d’un thème ne laissent jamais insensible celui ou celle qui en « bénéficie » et la portée de ses éventuelles bienfaits comprise que beaucoup plus tard.
Avec Jupiter, Saturne se met au service d’une volonté d’expansion. En positif, c’est un aspect d’intégration dans la vie sociétale. Les ambitions élevées de Saturne dont la portée est difficilement perceptible par le commun des mortels trouvent le moyen de s’intégrer dans une dimension sociétale visible de tous (Les architectes par exemple en témoignent par leurs œuvres…). C’est un aspect qui donne beaucoup d’ambition. En négatif, Saturne et Jupiter se contrarient mutuellement par leur nature antagoniste. Saturne restreint alors ce que Jupiter déploie, émancipe. L’ambition de Saturne a du mal à trouver son point limite avec un Jupiter expansif. C’est un possible signe d’arrivisme ou de démesure. Ainsi l’exigence de Saturne est mise à mal dans un tel contexte. Ce qui à un moment donné doit être finalisé ne l’est finalement jamais car on veut toujours plus, aller toujours plus loin. Les ambitions ont du mal à aboutir parce que mal préparées, d’où des contretemps et des échecs répétés pouvant engendrer de profondes frustrations. Finalement, Saturne n’atteint pas son objectif et Jupiter est freiné dans son envie d’expansion et de représentation. L’intégration et la réussite sociales sont difficiles à atteindre avec une telle configuration mais dans le cas où elles seraient atteintes ce serait au prix d’un arrivisme (comme cité plus haut) forcené ou d’une volonté hors norme que d’autres aspects dans le ciel confirmeraient… La folie des grandeurs est en marche !!!
Avec le Soleil, Saturne structure la créativité. C’est un aspect d’élaboration et de construction. La volonté se conjugue avec les buts ultimes d’élévations de Saturne. Il fraternise avec l’amour dans ce qu’il a de plus élevé sur le plan existentiel. L’ambition se colore d’une générosité sans faille. Elle est désintéressée et portée très haut, à tel point qu’elle est souvent incomprise par le commun des mortels. Ici, nous ne sommes pas dans un contexte où l’amour est jovial. Il serait plutôt platonique. En négatif, l’envie d’exprimer un amour ou une créativité se heurte à un mur d’indifférence, d’où l’apparition de grandes frustrations avec ce type de configuration. La crainte de ne pas pouvoir dépasser les obstacles nécessaires à l’atteinte d’objectifs peut nourrir un complexe d’échec que seules d’autres configurations planétaires peuvent infléchir ou sublimer. La volonté peut être bridée.
Avec la Lune, le réalisme de Saturne se lie avec un monde imaginaire. Saturne structure cet imaginaire par nature dispersé. La pudeur est au rendez-vous avec un tel aspect, l’émotivité restreinte. De fait, il y a un manque sur le plan « affectif »qui sera peut-être comblé par ailleurs (en fonction d’autres éléments du thème). En négatif, c’est encore plus vrai. L’imagination et l’émotion sont figées. Si l’aspect est important dans un thème natal, dans un contexte où les signes d’eau sont absents ou peu représentés, on peut mettre en avant l’absence presque totale d’imagination et de sensibilité. C’est par conséquent un aspect d’infirmité, en cela que l’individu semble incapable d’imaginer les conséquences de ses actes ou de quoi que ce soit. Il est dans une certaine mesure aveuglé. Sa sphère émotionnelle ne trouvera pas de terrain favorable à son expression et à sa légitimation. L’ambition peut être condamnée à errer dans les pensées sans jamais pouvoir s’exprimer dans le réel. La relation à la mère ou à la cellule familiale peut être vécue de manière très distante ou absente. Il faudra bien d’autres configurations pour contrebalancer la fatalité d’une telle relation entres ces deux planètes.
Avec Vénus, Saturne contrôle le domaine affectif. Cette configuration est au service d’un amour platonique. Les sentiments s’expriment de manière codifiée, sans vraiment de spontanéité. Ils sont cérébralisés, voire abandonnés au bénéfice d’un dessein qui invite à un certain détachement pouvant générer des vocations en lien avec cette disposition (religieuse, mystique…). En négatif, les sentiments sont prohibés, censurés. L’affectif étant sacrifié, les relations sociales sont difficiles. La frustration est de mise en pareil cas. Si cette relation tendue entre Vénus et Saturne domine chez un individu et qu’en parallèle s’expriment des envies manifestes, l’effet de manque peut provoquer un désir d’appropriation pouvant être terrible, surtout si Mars est de la partie (tout rentre mais rien ne sort). L’individu devient égoïste, exclusif dans ses relations. Dans le meilleur des cas l’aspect est sublimé et sert des vocations pour le bien d’autrui.
Avec Mars, Saturne structure la combativité. L’action est portée à son plus haut niveau. C’est un aspect d’endurance, l’action se donne du temps pour agir. Le désir se conjugue avec ce qui est censé nous en délivrer. De fait il se verticalise, et comme pour Vénus, peut générer des vocations religieuses ou mystiques, la ferveur en plus (sens de Mars). En négatif, l’envie se heurte à un mur infranchissable et à la pendule céleste qui est la seule à régler les échéances événementielles. Les frustrations engendrées peuvent provoquer des actes inconsidérés par compensation en fonction d’autres configurations présentes dans le thème, ou des blocages qui provoqueront une autodestruction mécanique et non pulsionnelle (l’autodestruction étant plutonienne). Aspect de possession et ou de dépossession.
Avec Mercure, Saturne trouve un moyen d’expression ludique. C’est un aspect de vulgarisation qui permet de transmettre une pensée profonde. La cérébralité est accentuée et ne laisse de place à aucune dispersion. La curiosité innée de Mercure est un peu mise à mal en pareil cas. Il est donné à l’intelligence la possibilité de pouvoir explorer des domaines peu accessibles au commun des mortels, « l’esprit » est scientifique. La réflexion est lente et sûr. Par déclinaison et analogie, Mercure désigne les mouvements et les déplacements qui sont d’autres moyens d’échange et d’expression. En négatif, l’incompréhension est à son paroxysme, la communication est soit bloquée (mutisme ou autisme) soit incohérente, déstructurée. « L’esprit est borné ». Les déplacements ne sont pas exempts de danger.
Avec Uranus, Saturne est tenté par le monde de l’invisible, l’inattendu et l’originalité uraniennes. La construction est au service de la modernité. La tradition inspire la modernité et le conservatisme se conjugue avec la nouveauté. C’est un aspect dédié aux scientifiques, aux architectes… En négatif, la tradition se heurte à la modernité. La logique de Saturne se heurte aux capacités déstructurantes d’Uranus. L’incohérence est de mise avec une telle configuration à moins qu’elle soit l’objet d’une prise de conscience particulière (sens de Saturne) surtout si le Soleil est de la partie. Comme toutes planètes transaturniennes, celles-ci joueront davantage sur un plan collectif sauf si elles sont en relation avec les planètes dites personnelles (Soleil, Lune, Mercure, Vénus, Mars) et le maître de l’ascendant. Mais en tout état de cause, elles joueront puisqu’elles font partie intégrante de la structure du thème qui anime tout un chacun.
Avec Neptune, Saturne se projette dans les méandres d’un monde sans limite « aucune ». Il tente de contenir un espace indéfini, lequel espace est dans une situation contrainte. En positif, Saturne, le bâtisseur sert le dessein collectif ou une inspiration prolifique qu’il tentera de matérialiser, de canaliser. En négatif, Saturne est en perte de repère et incapable d’œuvrer selon ses propres critères. Tout devient confus, l’émancipation propre à Neptune est rendue difficile avec un tel aspect. On se sent prisonnier ou anéantie, contraint ou complètement perdu dans les abîmes neptuniens. La prise de conscience propre à Saturne est particulièrement difficile d’accès.
Avec Pluton, Saturne se procure un allié qui n’aura de cesse de provoquer des remises en questions incessantes. En positif, l’instinct s’allie à la raison, le mystère s’incarne et s’invite aux portes du monde visible. Les réalisations humaines n’ont jamais été aussi prêtes du précipice au bénéfice de perspectives nouvelles. La fin des fins est proche. C’est une configuration apocalyptique, la petite faulx s’alliant avec la grande. Par analogie, je dirais que le grand renouveau est à la portée de la destinée. En négatif, c’est un aspect de destruction et d’autodestruction. La configuration sera d’autant plus difficile à vivre si l’une des deux planètes est maîtresse de l’ascendant. Pour le moins elle agira comme un évènement extérieur qui interagira avec l’individualité… Certains seront témoins, d’autres directement concernés plus ou moins bien et cela en fonction des planètes personnelles qui lui seront reliées.
Le type saturnien
Nous avons affaire à un profil tout en retenue, austère et peu émancipé à contrario du type jupitérien. Il attire peu la sympathie mais peut susciter la considération par le sérieux qu’il manifeste. C’est un solitaire qui met une certaine distance entre lui et le monde qui l’entoure.
Parce qu’il est méthodique, ses démarches procèdent toutes de méthodes préétablies et planifiées. C’est une des raisons pour laquelle il cultive la patience mais s’il accumule des retards il pourra nourrir un certain pessimisme.
S’il a particulièrement bien intégré cet astre, il développera une conscience hors norme, un point de vue très élevé.
Financièrement, il est économe pour financer des projets d’avenir. A l’excès, il sera prisonnier de son avarice.
Saturne n’intervient dans la vie affective que pour l’inscrire dans la durée ou la limiter au strict minimum, voire à l’inhiber complètement. Un saturnien a des tendances solitaires qui l’éloignent de conjoints potentiels.
C’est un bâtisseur accompli et si le thème astrologique dans son ensemble le prédispose, alors nous pourrons avoir affaire à une personne dont la destinée sera d’une grande amplitude.
A contrario, si l’enseignement de Saturne n’atteint pas la conscience humaine, le Saturnien restera prisonnier de sa condition, fataliste, pessimiste, austère et retiré du monde.
Article publié par Stéphane Rieux
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